Alexandra Otieva appartient aux artistes qui ne cessent pas d’expérimenter, découvrant de nouvelles faces de « moi » créatif que ce soit l’aquarelle, le motif sur la porcelaine ou bien les foulards originaux. Son style de vie peut être détérminé aujourdh’hui par le terme « self made » - la philosophie selon laquelle une personne se fait soi-même. La personnalité créative vive et le manager en même temps Alexandra s’est habituée à compter toujours sur elle-même. Aujourd'hui elle est un artsiste populaire dont les œuvres sont estimées par les spectateurs et les collectionneurs.
Alexandra, comment est-il arrivé que vous habitez et créez sur la Côte D'Azur ?
Pour commencer, je suis née dans une ville au bord de la Volga, à Saratov. Et pour des raisons inconnues à partir de 14 ans je savais que j’habiterais au bord de la mer, mais je ne savais pas où exactement.
Je peins des tableaux depuis mon enfance. Mon premier professeur de dessin était mon père qui faisait professionnellement du métal repoussé. J’ai reçu l'enseignement artistique dans les ateliers créatifs de l'Union des artistes de Russie. Et ma première exposition étrangère a eu lieu notamment en France en 2001. J’étais la plus jeune participante. Mes quelques œuvres ont été vendues avant l’ouverture officielle de l’exposition.
Ensuite c’était le Grande-Bretagne, Paris, la quête de soi. A Nice je suis venue en vacances, sans aucune idée à associer ma vie à la France. J'étais intéressée à comprendre pourquoi la Côte d'Azur attirait les artistes et les écrivains, la famille royale, l'aristocratie anglaise. Au cinquième jour du séjour il s’est passé quelque chose qui a changé définitivement ma vie : je suis tombée amoureuse de la couleure turquoise de la mer et j’ai compris que c’était ici je voudrais habiter et créer.
Un jour quelques années plus tard ma mère est venue me voir. De bonne heure, regardant par la fenêtre, elle m’a dit : « Regarde, c’est exactement ce paysage que tu a dessiné à 15 ans ».
Il me semble qu’ici pour les artistes il existe des conditions optimales pour l’oeuvre : abondance de la lumière du soleil, couleurs surprenantes.
Ce n'est pas par hasard les nombreux maîtres célèbres sont venus ici pour créer.
Ça fait déjà 17 ans que vous utilisez la technique de l’aquarelle sur papier humide. Pourquoi avez-vous choisi une telle technique nécessitant beaucoup de main-d'œuvre ?
En effet, c'est l'une des techniques les plus compiquées. Les peintures sont appliquées sur une feuille abreuvée d’eau en une séance. Moi, par exemple, je travaille toujours debout pendant 5-7 heures consécutives. On ne peut pas se tromper, car la peinture est immédiatement absorbée par le papier. L'intuition est importante, une certaine prévision du résultat, parce qu’il n'est pas toujours possible de prédire le résultat final.
L’aquarelle est une dame assez capricieuse ! Elle reflète mon ambition envers le dynamisme d’une touche, les effets de couleur, la transparence particulière.
Qui a influencé sur votre œuvre, la formation du style ?
Les impressionnistes. C’étaient eux qui pouvaient transmettre cette sensation d’air, d’espace. J’étais toujours fascinée par les tableaux de Turner, la manière de peindre de Monet, les couleurs de Renoir. Il est intéressant que mes premiers tableaux sont transparents, tristes. En revanche les tableaux de la période « française» sont pleins d’expression, de débauche de couleurs, ils sont très émotionnels.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Je voyage beaucoup à la recherche de l’inspiration. Et c’est toujours un voyage vers les tableaux des artistes. A Londres je vais chez Turner, en Espagne – chez Goya, à Paris – chez les impressionnistes. La source inépuisable d’idées et de combinations de couleur pour moi est la nature, les gens, la musique.
Comment vous est venue l'idée d’essayer d’autres formes de l’art, en particulier, l’imprimé sur soie ?
Une des séries les plus constructives de mon oeuvre est la série de natures mortes florales et de paysages. J’ai essayé d’utiliser le motif floral en tant qu’imprimé sur tissu lors de la préparation de l’exposition personnelle en 2014. J'ai utilisé un de mes tableaux « Floraison des pivoines » comme motif pour la robe, qui a été spécialement cousue pour la cérémonie d'ouverture de l'exposition.
Le développement des cadres constructifs par la synthèse des formes artistiques est très prometteur à mon avis. L’idée peut être générale, et les formes de la réalisation sont différentes en fonction du dergré de l'imagination de l'artiste. Dans mon cas l’œuvre originale est le point de départ pour l’art décoratif. Par la suite, pour chaque exposition, j'ai préparé une robe avec un imprimé de mes tableaux, en laquelle j'ai ouvert le vernissage.
J’ai encore rêvé de créer des foulards avec un design personnel basé sur mes aquarelles. Je suis allée longtemps à la réalisation de ce rêve : de la conception à la présentation de la collection et des moments techniques. Tous les efforts ont réalisé leur contrat. On a créé une belle collection limitée qui s’appelle symboliquement «Voyage dans un rêve ». Chaque foulard comprend l’histoire du voyage : «Côte d'Azur », « Promenades à Paris », « Voyage en Toscane », etc.
Vous habitez depuis longtemps sur la Côte d'Azur. D’où les images russes viennent-elles dans votre oeuvre ?
Gogol, Tchekhov, Bounine, Tourgueniev, Nabokov, Gorky – ils ont écrit leurs eouvres les plus importantes à l’étranger, en France, en Italie. Il me semble que loin du pays d'origine l’homme commence à sentir plus fortement et tout ça à cause des souvenirs, de la nostalgie, des réflexions, de l’angoisse.
J’ai une grande série de paysages d'hiver – le sujet russe que j’aime beaucoup. J’au vu les gens qui pleuraient près de ces tableaux, leur perception était si émotionnelle, et plutôt les souvenirs dont les tableaux ont évoqué.
Parfois les spectateurs disent que l’hiver sur la toile est « floconneux », qu’ils sentent l’air glacial, l'heure de la journée est clairement lisible, et on peut imaginer que vous marchez sur un sentier enneigé et que la neige craque sous vos pieds.
La même chose pour les fleurs : quand le bouquet sent, donc, le tableau est réussi. Mon fils, passant souvent devant mes tableaux avec des natures mortes florales, s’arrête et flaire les fleurs. Il n’y a pas de mots pour le décrire...
L'interview a été prise par Olga ZOTOVA,
le candidat en histoire de l'art
Magazine «Perspectiva», mai 2018