Créer, comme respirer

Elle a choisi une des techniques les plus compliquées dans la peinture – l’aquarelle sur papier humide, où le tableau est peint en une séance, et pendant de longues heures on ne peut pas faire une pause même pour prende un café chaud parce qu’il est impossible de corriger quelque chose. La moindre erreur - et tout est jeté à la fois. Pourquoi Alexandra Otieva a-t-elle préféré à tous les types de la peinture pas l’aquarelle simple, mais la technique sur papier humide? L’artiste a raconté tout ça et beaucoup d’autres choses la magazine Living Italy.

A mon avis, l’aquarelle est sous-estimée, a dit Alexandra, - voilà pourquoi j’ai commencé de m’en occuper et j’y reste toujours fidèle. Peindre sur papier humide – est une technique très compliquée, c’est juste ce qui m’interesse. Et encore parce que peu de gens l’utilise. Donc, j’ai décidé de garder cette technique pour les descendants.

En général, l'aquarelle est un pastel doux et assez transparent. Et vos toiles c’est une débauche de couleurs...

C’est tout simple ma manière de peindre, qui probablement, exprime mon caractère. Les couleurs sur mes œuvres sont fortes, voire expressives. Les critiques en France, regardant les travaux vifs ne comprennent pas immédiatement qu'il s'agit d'une aquarelle.

Avez – vous toujours rêvé d’être un artiste ou s’est-il passé spontanément?

Je peins depuis mon enfance, dès que je peux tenir un crayon. Mon père faisait professionnellement du métal repoussé, et j'ai grandi dans son atelier. Le père est devenu mon premier professeur de dessin et mon critique le plus sévère. Il ne m’a jamais béni et ne bénit pas, il croit qu’une personne doit se développer. Et ma mère a travaillé en tant qu’infirmière pendant plus de 48 ans à l'hôpital de ville. Elle aimait son travail, mais il y a an, quand notre fils Miroslav est né, elle a décidé de démissionner pour m’aider. Et je suis reconnaissante à mes parents de me soutenir à toute force.

Quand est venu le temps de choisir un métier, j'ai décidé d'entrer à l’École Supérieure des Beaux-Arts, mais dans les années 90, les métiers d'art n'étaient pas démandés. C’est pourquoi je suis entrée à l’économie internationale et en même temps pendant cinq ans j’ai passé le temps dans les ateliers de l’union des artistes de Saratov, prenant de l’expérience dans un cadre professionnel.

Ma première exposition à l’étranger a eu lieu en France en 2000. A ce moment-là il y avait des saisons russes en France et des saisons françaises en Russie sur le programme d'échange des photographes et des artistes. L’exposition a eu lieu dans une petite ville Saint-Cloud près de Bordeaux. J’étais la plus jeune participante. Quand nous accrochiez des tableaux j’ai vu une femme qui pleurait près de mon paysage. Il s'est avéré que son arrière-grand-mère était originaire de l’Ukraine, et mon paysage lui a rappelé le pays natal de ses ancêtres. Je lui ai offert ce tableau et en ce moment-là j’ai compris que je devais continuer à peindre.

Outre la peinture je travaille aussi en tant que couturier. On crée des robes sur la base de mes tableaux. J’ai déjà les robes «Pivoines» et «Pavots», pour le moment il y a encore quelques variantes qui sont en développement.

Au mois d'août à Beaulieu-sur-Mer nous avons lancé notre marque «Alexandra Otieva France» et nous avons fait une série exclusive de foulards en soie, dont le design a été aussi élaboré sur la base de mes peintures. Les foulards sont faits de soie naturelle avec les bords brodés à la main. C'est un segment de luxe. L’emballage de luxe, à l'intérieur vous trouvez une courte description du produt, un paquet avec des manches argentés. Ils sont fabriqués en Italie à la même usine où Ferragamo, Hermes et Chanel fabriquent les siens. Ces foulards sont très vifs.

Avez-vous transmis sur les foulards les couleurs et la sensation de soleil de l’Italie?

Oui, ces foulards sont vraiment faits sur la base des tableaux peints sous l'impression du voyage en Toscane. J’adore cette région, j’adore le vin, le soleil et les fruits de l’Italie qui sont exprimés dans mes foulards.

J’ai toute une série de peintures inspirée par le voyage en Toscane. Quand tu voyages dans un pays et t'inspires, il faut absorber toutes ses couleurs – l’air, la musique, le soleil. L’Italie est toujours dans ma vie.

Mais vous avez nommé votre marque «Alexandra Otieva, France»...

Parce que ça fait 13 ans que j’habite en France et je suis déjà Française sur passeport – j’ai acquis la nationalité française pour un apport de l’art. De plus, tous mes tableaux ont été peints sur le territoire de la France.

Y a-t-il une liaison entre la première exposition et le fait que vous y habitez maintenant?

Non, c'est une coïncidence. Je n’avais jamais le désir de vivre en France, mais à partir de 14 ans je savais que j’habiterais à l’étranger au bord de la mer. Je ne sais pas pour quelles circonstances mais j’ai dit aux parents: «Je veux parler différentes langues et vivre dans un monde où habitent les personnes de nationalités différentes. "

J’aime beaucoup la Russie, mais il était difficile pour moi de supporter les hivers. Donc, j’ai décidé d’obtenir le Master en Angleterre. J’ai passé les examens à Oxford, et puis j’ai compris de ne pas avoir d’argent pour vivre et faire mes études. Je suis revenue en Russie, y habitais un peu, et ensuite j’ai décidé d’aller à Paris pour entrer à l’Académie des Beaux-Arts. C’était en 2003. L’été était très chaud, et moi, j’apprenais le français pour être reçue à un concours au mois de septembre. J'ai réussi le concours, mais plus tard, il s'est avéré que j'étais "trop vieille" d’après leurs normes, j’avais 24 ans, et eux, ils ont pris jusqu’à 24 ans. Puisque mon français était de base, je ne pouvais pas me défendre et je suis revenue en Russie. Je pensais que mes routes me conduisaient maintenant à Florence, mais j’ai fait une pause, continuant à peindre des tableaux et travaillant en même temps dans le métier.

Ensuite, j’ai décidé d’aller où les tsars russes se sont reposés et de découvrir pourquoi la Côte d'Azur attirait toujours des artistes. J’ai pris un congé et je suis allée à Nice, décidant d'apprendre mieux la langue. Quand j’y suis arrivée, juste le cinquième jour, après avoir vu la mer turquoise, j’ai compris que je voulais y vivre. J’ai passé les cours de langue et je suis revenue chez moi pour officialiser la sortie du territoire. Après avoir référé à toutes les autorités compétentes, j’ai reçu un visa étudiant, j’ai démissionné et je suis revenue à Nice.

Comment avez-vous habité en territoire inconnu, en France?

Les premières trois annés étaient très difficiles, parce que j’ai refusé l’aide des parents et des amis. Au début j’ai loué une chambre, puis un tout petit appartement mansardé. En Russie je me suis occupée de plusieurs activitées, j’ai gagné assez d’argent pour partir en vacances et me sentir bien. Et là, j'étais dans une telle vie étudiante - la lutte pour la survie, comme un vrai artiste qui doit avoir faim. J’étais obligée de m’occuper non seulement des peintures mais d’autres choses. Dire qu'il était difficile c’est de ne rien dire.

C’était une telle école de vie que maintenant je peux survivre partout. Alors j'ai compris que je devais retourner à mes racines économiques pour avoir la possibilité de travailler comme artiste. J’ai organisé en Russie une agence professionnelle de service concierge Exclusive Riviera, qui a déjà dix ans. En outre, j’ai fait des traductions. Et la vie s'est progressivement améliorée. Je suis devenue un artsite célèbre, dans différentes villes de la France il y a mes expositions, et mes tableaux se vendent bien.

Et la vie privée, tout est bien?

Oui. Il y a deux ans je suis revenue à Moscou de Vladivostok où j’étais au festival du cinéma, je suis allée au Musée Pouchkine, là j’ai fait connaissance avec Igor, mon futur mari, et il y a un an, nous avons eu un fils Miroslav. Et j’habite où je rêvais de vivre au bord de la mer dans une petite ville Villefranche-sur-Mer, près de Nice.

Alexandra, ce qui est l’art pour vous?

Pour moi l’art c’est ma vie. Créer c’est aussi important que respirer. Quand je peins mes aquarelles – je vis... Je suis un artiste! Ma tâche d'artiste est de partager ma passion, mes sentiments et ma perception des événements avec le monde entier! Les sentiments que j’exprime à travers mes peintures sont purs! Il me semble, si je suis honnête avec moi-même et fidèle à moi-même et à mon art, je suis capable de créer et de me développer... Tout ce que je peins est le résultat de mon imagination! Mon esprit et mon âme créent des images colorées et admirables. Quand je passe des heures sur une peinture, j'essaie d'exprimer ce qui vit au fond de moi.

Magazine Leaving Italy, mars 2017